Ascension Sociale
La quête du statut est sensiblement le chemin pour la réussite reproductive. Le statut est un atout qui produit un effet de levier sur tous les autres : il signifie que quelqu’un peut rendre de grands services à peu de frais.
Cette tendance est enracinée dans nos organes mentaux développés par la sélection naturelle. De plus, l’altruisme n’étant pas un jeu a sommes non-nulles, il est donc possible de se montrer un peu plus pingre que Tit for Tat sans tricher ni déclencher de pénible représailles. Cette sorte de larderie enracinée en nous par la sélection naturelle peut bien prendre la forme d’une comptabilité douteuse, qui penche plus souvent qu’autrement vers nous.
L’altruisme réciproque a véhiculé une tension quotidienne, un marchandage implicite ou explicite. Les Trobriandais, par exemple, semblaient préoccupé par leurs cadeaux.
Le lot quotidien de l’homme consiste a constamment rééquilibrer les échanges d’altruisme en usant d’argument et de conviction personnelle. L’inflexibilité viscérale serait la plus persuasive des convictions. La stratégie idéale se trouverait dans une inflexibilité de façade, une fermeté flexible.
Mais pour gravir l’échelle sociale, la première étape consiste à se lier avec un primate au statut plus élevé, ce qui implique un acte de soumission, un aveu d’infériorité.
Par la suite on peut soutenir un ami en prenant verbalement sa défense lorsque ses intérêts son en jeu—et, plus généralement, dire sur lui des choses positives, propres à rehausser son statut.
Mais quand les rancœurs se répandent, quand les amis forment des coalitions visant à soutenir mutuellement leur statut, le résultat est un vaste réseau d’auto-aveuglement et de violence potentielle. Par exemple, des israéliens avait tiré sur des palestiniens, mais en l’espace d’une semaine, les protagonistes des deux camps ont bâti des histoires hautement émouvantes pour expliquer leurs rôles respectifs, livrées avec une conviction passionnée, bien qu’elles ne résistèrent pas à un examen approfondi.[1] Cet exemple est très représentatif de l’histoire de l’humanité.
Il est indubitable que les guerriers ont souvent obtenu quelques récompenses darwiniennes grâce au viol ou à l’enlèvement de femmes ennemies. Il n’est donc pas surprenant de voir la violence être utilisée par les hommes encore aujourd’hui.
Le culte du héros constitue une part essentielle de la nature humaine. Cet avec cette représentation mentale que nous persistons à vivre et a fleurir. Notre évaluation de la valeur des gens – leur envergure professionnels, leur moralité etc. – est en partie le reflet de la place qu’ils occupent, à un moment donné, dans notre univers social. Lorsque d’importantes modifications de statut se produisent, le contrat d’altruisme réciproque fait l’objet d’une renégociation tacite.
Mais ultimement, c’est la perception de l’altruisme et non l’altruisme lui-même, qui déclenche la réciprocité. Aussi, dans les rapports que nous entretenons avec ceux qui n’appartiennent pas à notre famille, le but de la conscience est de cultiver une réputation de générosité et de gentillesse, quelle que soit la réalité de la chose.
Nous sommes accroc à la considération sociale et dépendants des neurotransmetteurs que nous libérons en faisant impression sur les autres.
La conscience est comme un administrateur d’un compte d’épargne où se trouve conservé la réputation morale.
[1] New York Times 14 octobre p A1 (le livre ne mentionne pas l’année de la parution de l’article.)
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