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L’altruisme des hommes

Amitié, antipathie, agression moralisatrice, gratitude, sympathie, confiance, suspicion, loyauté et certaines formes de culpabilité, de malhonnêteté et d’hypocrisie peuvent s’expliquer comme des adaptations majeures servant à réguler le mécanisme de l’altruisme.

L’altruisme, selon la théorie des jeux, serait un jeu à sommes non-nulles. Autrement dit, la valeur que l’on accorde pour un service n’as pas la même valeur pour quelqu’un d’autre. De plus, la réciprocité du geste est parfois décalée. Si je vous rends un service aujourd’hui, en tant qu’amis, vous pouvez me rembourser plus tard. Tout au plus, vous pourriez vous en foutre et ne jamais me rembourser car vous pensez être quitte. Quelle est donc la métrique afin de juger si l’on doit encore coopérer ou s’il faut changer de stratégie entre nous? Cela dépendra des histoire de triomphe, de tragédies, de bonne fortunes, de malheurs, de fidélités remarquables ou d’épouvantable trahison, etc..—ces histoires coïncident à la perfection avec les informations nécessaires à l’adaptation. Le commerce des commérages constitue l’une des occupations principales de l’amitié.

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Il est certain aussi que si vous pouvez passer votre vie à exploiter les autres, ne vous en privez pas; la valeur de la coopération est bien faible en comparaison. Et si vous trouvez une personne à exploiter, il est encore possible que la coopération ne soit pas la meilleure stratégie. Si vous êtes entourés d’individus qui essaient toujours de vous exploiter, alors l’exploitation réciproque sera un moyen de limiter vos pertes.

Mais sinon, comment l’altruisme réciproque s’est-il perpétuer s’il est encore actuel?

Une expérience fut organisée en 1979 afin de développer un logiciel autonome permettant de réagir comme des êtres humains. Même dans la simplicité du code de Tit for Tat, on en comprend que la coopération simple et conditionnelle est plus contagieuse qu’une méchanceté accomplie.

Un gène récompensant la gentillesse par la gentillesse a donc pu se répandre dans une grande famille et, par croisements, en gagner d’autres, où il a pu prospérer selon la même logique.

Ce qui calibre la gentillesse est notre gratitude. C’est elle qui enregistre nos dettes envers les autres. Mais ce qui calibre notre méchanceté est notre indignation. C’est elle qui dit aux autres de ne pas « rembourser » certaines personnes. D’ailleurs, c’est avec une indignation vertueuse que l’on peut faire dévier les soupçons qui sont posées sur nous.

Bref, l’idée selon laquelle un individu n’a ce que ce qu’il mérite est au cœur de notre sens de la justice et de ce point de vue, elle est un produit dérivé de l’évolution, un simple stratagème génétique.

On se sert de la culpabilité afin de rassurer tout le monde quant à notre aptitude à la réciprocité. Son intensité devrait dépendre des dommages causés aux victimes, pas les nôtres. Mais ce qui suscite véritablement le remords, c’est d’échanger un regard avec l’individu et de continuer à ne pas l’aider. Le fait d’être vu ne rien donner nous gêne davantage que le fait de ne rien donner. Peut-être dans notre environnement ancestral, nous rencontrions des gens que nous étions tous appelés à revoir.

Chez une espèce dotée d’un langage, un moyen efficace et peu contraignant de récompenser les gentils et de punir les méchants, c’est de leur tailler une réputation en conséquence.

Les humains auraient donc évolué parmi des spectateurs – des spectateurs dont l’opinion avait une importance.   Il est possible que les « spectateurs » infligent des sanctions ou des éloges collectives relevant d’un contrat social. C’est à ce moment qu’est apparue une dimension morale.

pointé du doigt

La publicité faites aux griefs ou les bons coups peut induire des réactions très étendues et cette publicité est devenue partie intégrante des systèmes moraux.

En somme, le but de l’altruisme réciproque consiste à donner à l’organisme l’impression qu’on l’a aidé; l’impression seule suffit à provoquer la réciprocité.


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