Le Moi Moral
Le paradoxe humain est d’être un animal éminemment social, libidineux dans son intimité, rapaces et de manière générale, égoïste, tout en ayant à vivre en parfaite civilité avec d’autres être humains.
C’est cru, mais c’est manifestement ça. La conscience serait l’endroit où se trouvent les différentes formes d’inhibition et de culpabilité, afin de garder le « ça » freudien en cage.
Le conflit fondamental se situe donc entre motivations égoïstes et altruistes, entre recherche de plaisir et conduite normative, et entre intérêts individuels et collectifs.
Même les chimpanzés doivent mesurer leurs pulsions prédatrices. Par exemples, un chimpanzé peut être un auxiliaire potentiel pour un autre, ou les mâles chimpanzés peuvent voir leurs pulsions sexuelles contrariées par des femelles qui réclament des contreparties.
Tout est une question de mathématique sociale dont la sélection naturelle « calcul » pour nous.
On se rend compte aussi que les discours moraux censé conduire à la vérité sont, à la lumière du darwinisme, de simples luttes pour le pouvoir. Il sortira toujours un vainqueur de ces luttes, mais il n’y a souvent aucune raison d’attendre de ce vainqueur qu’il représente la vérité.
Modeler un code moral, c’est lutter pour le pouvoir, et le pouvoir, dans les sociétés humaines, se distribue généralement de façon complexe et inéquitable. Comprendre quels intérêts sont privilégiés peut se révéler une question délicate.
Le nouveau Darwinisme met en évidence que les affaires humaines sont artifice, manipulation intéressé de l’image. Car à bien y penser, un code moral est un compromis politique modelé par des associations concurrentes. Les valeurs morales viennent d’en haut, par la société qui détient le pouvoir. Ces codes sont plus souvent qu’autrement établis par les châtiments que l’on inculque à ceux qui le méritent.
En fait, ce n’est pas vraiment que les gens mérite d’être châtié ou non pour leurs actes, car aujourd’hui, les cas d’acquittement dû à une conscience altérée sont courantes; soit à cause de malnutrition, de syndrome prémenstruel ou d’avoir bu du lave-glace. Les criminels sont acquittés dû au fait qu’ils n’ont pas eu toute leur tête. Et c’est vrai. Sérotonine pour l’estime de soi, l’occytocine pour le sentiment d’amour inconditionnel, l’endorphine pour se sentir bien etc… Ce cocktail d’hormone déclenché par notre environnement fait en sorte que nous sommes constamment en adaptation à ce dernier.
En fait, le châtiment serait utilisé pour que les gens soient plus soucieux de l’intérêt des autres, plutôt que de la repentance du criminel, puisque celui-ci s’est adapté en tant que criminel.
Il n’est pas dans notre intérêt d’éprouver de la sympathie; cela n’élèverait pas notre statut social, ne contribuerait pas à l’acquisition de biens matériels ou sexuels, n’aiderait pas notre famille, ni ne ferait rien de ce qui a pu rendre les gènes prolifiques. C’est pourquoi le châtiment des criminels peut aider à la sympathie des innocents. Il nous force à le faire.
Les codes moraux sont utiles car ils sont les seuls capable de gérer les bénéfices des échanges a somme non zéro, sans une police musclée. John Stuart Mill, dans son traité sur la liberté, dit que les codes moraux pouvaient être aussi étouffants et inquiétants qu’une police omniprésente.
Ces codes moraux, s’exprimant par le jugement que nous avons les uns envers les autres, font en sorte qu’une personne qui montre de la précipitation, de l’obstination, de la vanité, qui ne peut vivre dans des conditions modestes, incapable de renoncer aux divertissements nocifs et qui cherchent les plaisirs primaires, doit s’attendre à mériter moins d’estime de la part des autres[1] et ainsi avoir un statut calibré selon ces codes moraux.
[1] De la liberté, p 181, John Stuart Mill
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